Août 1993

Premier voyage au Japon. Avec trois co-disciples (deux élèves d'Oshiro de Paris, un de Toulouse et un mixé Oshiro-Takayasu), nous partons pour le pays du soleil levant.
Le vol jusqu'à Tokyo se passe bien. L'aéroport de Tokyo, c'est ma première surprise, c'est lumineux, y'a de la moquette partout, des télés grand écran dans les salles de débarquement. Ensuite on prend le limousine bus pour Kyoto (2h00) où nous devons retrouver Oshiro. On arrive à la station de la gare de Kyoto… pas d'Oshiro.
Le senpai prend direction des opérations "Si on traverse la gare, on va s'paumer. Doit bien y-avoir moyen d'la contourner!". Bons soldats, on l'suit et… on s'paume.
Finalement, grâce à des touristes hollandais on arrive à retrouver le ryokan (auberge japonaise) et sur le perron, on voit arriver Oshiro, tout sourire (premier contact avec okinawa time).

Visite de la ville et de ses multiples temples, découverte du Japon et des différences culturelles, ex. on m'avait dit "les vieux japonais sont très polis, tu les salues, ils te salue", bon bah… on va voir. J'en croise un je le salue, il me salue… je le salue, il me salue… re, re, re, re et comme ça jusqu'au bout de la rue. Conclusion, c'est vrai… au moins pour celui-là.

Deux jours plus tard, on part pour Osaka, direction Okinawa (par avion). Visite du château d'Osaka, c'est joli, dans le parc y a même une grande roue…

Arrivée à Okinawa, nous sommes accueillis par les membres du Kokusai Karate Kobudo Renmei, dirigé par Higa Seikichi 10° dan Goju-ryu.
Excellente surprise, le frère d'Oshiro nous prête sa maison et la famille nous prête une voiture.

Le lendemain, rendez-vous chez Higa, présentations, échange de cadeaux.
Le soir venu (19h00), premier cours (Oshiro n'est pas là) avec les enfants, travail des bases, positions, à la fin du cours, on ne sait pas quoi faire. Mais on nous dit "les choses sérieuses vont commencer".
L'entraînement adulte commence. Chacun va a son rythme, on commence tous ensemble et puis suivant les erreurs d'un tel ou un tel, il est pris en aparté par un des sensei présents, ce qui a l'énorme avantage de ne pas ralentir la progression des autres.
L'entraînement adulte se déroulera toujours de la même façon, individualisée. Un kata choisit au départ, des corrections individuelles adaptées à chacun.
Au dojo, il y a toujours au moins un 10° dan, deux ou trois 8/9°, des 5° 6° 7°. L'ambiance est (très) studieuse, mais tellement relax (attention pas baba-cool, on bosse dur)

Après l'entraînement (sur les coups de 22h00, on parce qu'on commençait a avoir des difficultés avec la chaleur, beaucoup des gens sont encore restés), on va manger avec certains qui nous prennent en charge.

Le lendemain matin, nous avons rendez-vous au dojo avec Oshiro et une surprise, pour un entraînement.

La SURPRISE : Kyuna Choyu Sensei 10° dan, 62 ans, un costaud pour un okinawaïen. Il s'échauffe tranquille dans son coin (des curls avec une barre chargée, plus tard j'irais voir combien de kilos… 50).

Bon on est prêts, Kyuna nous demande de montrer c'qu'on sait faire. "Ah oui, c'est pas mal ton blocage là (kake-uke), mais si ceci, comme ça…" Et il prend Oshiro comme partenaire qui attaque franco, bah Oshiro, y l'a pas besoin des cours de Candeloro pour glisser.
Bref, moment intense.

Après l'entraînement, on va manger aux alentours du dojo, les keiko-gi sèchent et cuisent sur la voiture, l'après-midi, à la demande générale, rendez-vous chez "Shureido Sensei", un magasin de fournitures de karaté/kobudo.

Le soir, direction le Kodokan de Matayoshi Shinpo. Avec les armes et surtout les batons, y a pas beaucoup de place pour s'entraîner, surtout qu'il y a du monde, des Shorin, des Uechi, des Goju, des Okinawa-kenpo…
Chez Matayoshi, l'entraînement se déroule de la même manière que chez Higa, on prend un kata et on l'explore, le seul problème, c'est le manque de place… mais on a l'temps, et chacun y trouve son compte.
Pourtant on voit tout de suite qu'ils ne sont pas habitués à l'enseignement de masse.
Chez Matayoshi, je perçois plus cette nuance entre sensei et shifu (employé en chine avec la prononciation sifu, Maître/Père), au fur et à mesure de mes séjours, cette notion se fera de plus en plus sentir.

A la fin du cours, Matayoshi nous invite dans un grand resto, on mange, on discute, on rigole.

Les jours extra-ordinaires :

Aujourd'hui nous sommes prévenus "habillez-vous bien, costume, cravatte"… et on se retrouve, conduits par Higa Seikichi, dans les locaux de l'OkinawaTimes, journal local pour une interview. Thé, biscuits, séance photos…

Aujourd'hui on se prépare pour un pique-nique, rendez-vous au kodokan de Matayoshi, on doit partir s'entraîner sur la plage d'une île proche… mais l'annonce d'un typhon fait renoncer à ce beau projet. Mais nous ferons quand même le pique-nique… dans le dojo.
Au cours du repas, Matayoshi, avec sa bonne humeur et son espièglerie coutumière, remarque qu'il y a une jeune demoiselle et une autre moins jeune et v'la t'y pas qu'il annonce les fiançailles officielles de la jeune avec votre serviteur et la moins jeune avec mon ami toulousain.

Aujourd'hui, mais depuis quelques jours, on passait beaucoup de temps sur le kata seipai. Aujourd'hui, donc, direction "convention center" pour une démo d'arts martiaux. Au programme : goju, uechi, shorin, okinawa-kenpo, isshin, ryuei, kobudo de tous horizons, tai chi, armes chinoises…

A propos de Kokusai-dori (artère commerciale et touristique de Naha)

Par un effet du "hasard", cette charmante rue fut rebaptisée Oulala-dori, parceque les croisements fréquents avec de jeunes autochtones, nous tiraient des "oulala" soupirants...

Un mois se passe comme une journée de rêve. Sayonara partie, cadeaux de la part de Higa sensei et de Matayoshi sensei.

Retour avec escale à Moscou, l'aéroport de Moscou est sombre, le rêve est bel et bien fini.